- Pour le personnage du roman, voir Bruno Kerim.
- "Tous les postes-clés de la maison sont tenus par mes fils. Mon sang est la meilleure sécurité dans mon travail."
- ― Ali Kerim Bey
Ali Kerim Bey est un ancien hercule de cirque tordant des barres en acier avec ses dents devenu le chef de la section T (Turquie) des services secrets britanniques (SIS/MI6). Opérant à partir d'un magasin de tapis dans un quartier populaire à Istanbul, il garde un œil sur les Soviétiques et les Bulgares. Afin de garantir sa sécurité, Kerim a attribué tous les principaux postes de son vaste réseau d'espionnage à ses fils, considérant que son sang est la meilleure sécurité possible dans son environnement professionnel. C'est aussi l'ami d'une tribu de bohémiens vivant dans la banlieue d'Istanbul et dirigée par son ami Vavra, dont il se sert comme espions.
Ali Kerim Bey est un homme charismatique, très amical, abordable et loyal envers la Grande-Bretagne. Il est aussi doté d'un grand sens de l'humour, étant capable de plaisanter même dans des situations tendues, et a également un intérêt prononcé pour les belles femmes (ayant lui-même une maîtresse) et la consommation de tabac et d'alcool. Malgré les enjeux de haut vol des missions auxquelles il participe et les multiples tentatives d'assassinat dont il fait parfois l'objet (notamment perpétrées par son vieil ennemi, le tueur bulgare Krilencu), Kerim reste un grand optimiste en toutes circonstances. De plus, malgré son âge et sa condition physique, il n'est pas à même de participer lui-même à l'action et de continuer à se battre pour sa cause même après avoir été blessé, montrant que sous ses airs jovial et détendu, il prend son travail très au sérieux. Kerim considère néanmoins qu'il a perdu ses réflexes d'entant, ce qui, en dépit de toutes ses ressources, pourrait lui faire défaut sur le terrain.
Dans le film[]
Contexte[]
- "Ça, c'est un très vieil ami, et il me dit que ça sent mauvais."
- ― Ali Kerim Bey
En 1963, Ali Kerim Bey est contacté par le caporal Tatiana Romanova, une employée de l'ambassade soviétique d'Istanbul, qui prétend vouloir faire défection en Angleterre. Elle serait tombée amoureuse de l'agent "00" du MI6 James Bond après avoir vu sa photo et a ajouté vouloir remettre un lecteur de déchiffrement à la Grande-Bretagne si 007 se rend à Istanbul et les ramène, la machine et elle, à Londres. Bien qu'il se méfie d’ores et déjà de la commise au chiffrement, Kerim accepte de la rencontrer et prend une photo d'elle sur un bateau avant de contacter M, chef du MI6, qui dépêche alors Bond à Istanbul pour y rencontrer leur allié.
Première rencontre avec James Bond[]
Informé de l'arrivée du commander dans la capitale turque, Kerim envoie un de ses fils le récupérer à l'aéroport et le conduire jusqu'à son bureau. Après avoir fait servir du café à son hôte et évoqué brièvement ses débuts au cirque, le chef de section du MI6 admet être d'accord avec Bond et M sur le fait que cette mission constitue vraisemblablement un piège. Il ajoute également que le caporal Romanova fera savoir à Bond en temps voulu comment la contacter et lui suggère ensuite amicalement de se rendre à son hôtel.
Attentat à son bureau et début d'enquête sur les Soviétiques[]
- James Bond: "Alors qui a gagné ?"
- Kerim Bey: "J'ai eu des visiteurs. C'est un peu de plastique dans une cloison et ça devait m'atteindre à mon bureau. Mais par bonheur, je me délassais sur le divan au bon moment. La fille a eu une crise d'hystérie."
- James Bond: "Votre technique lui semble brutale ?"
- ―James Bond et Kerim Bey, après l'attentat au bureau de Kerim[src]
Plus tard, Kerim est séduit par sa maîtresse alors qu'il travaille à son bureau. Bien qu'agacé par le comportement de la jeune femme indisciplinée, il finit par se lever de sa chaise et embrasser la belle lorsqu'une violente explosion survient à son bureau. Puisqu'il s'était levé au bon moment, Kerim est épargné par les dégâts alors que sa compagne fait une crise d'hystérie.
Quand Bond retourne au bureau pour constater les dégâts, Kerim lui apprend que l'explosion a été causée par une mine de pattes sur le mur à l'extérieur alors que le Britannique se demande si son arrivée sur le sol turc serait liée à l'attentat. Les deux alliés décident d'enquêter et descendent sous le consulat soviétique dans les souterrains d'Istanbul par un tunnel secret, utilisant un périscope rescapé d'un navire de la marine britannique pour espionner le sermon de Krilencu par le général Vassili, chef des services secrets de l'armée soviétique, révélant que l'ennemi de Kerim qu'il pensait disparu depuis plusieurs années est probablement l'auteur de l'attentat. Connaissant la dangerosité du tueur, Kerim recommande à Bond de ne pas retourner à son hôtel le soir suivant. Il se charge dans un même temps d'obtenir les dessins de l'architecte du consulat, à la demande de 007.
Nuit au camp gitan et mort de Krilencu[]
- Kerim Bey: "Ça fait deux fois que Krilencu essaie de m'abattre. La troisième fois, il m'aura sans doute, ou je l'aurais le premier ; je l'aurais cette nuit."
- James Bond: "Pas avec un bras blessé. Ce petit travail me revient."
- Kerim Bey: "Je me suis endetté envers vous déjà."
- James Bond: "Est-ce qu'on a des dettes envers un ami ?"
- ―Kerim et Bond étant sur le point de tuer Krilencu.[src]
Le soir-même, Kerim fait en sorte qu'un de ses fils place deux mannequins dans une de ses voitures et conduise pour distraire les Soviétiques alors que Bond et lui se rendent dans une direction opposée pour rencontrer la tribu de bohémiens susmentionnée. Une fois au village des tziganes, les deux espions anglais sont informés que deux femmes de la tribu, Vida et Zora, vont s'affronter selon les coutumes de la tribu car elles aiment le même homme. Après qu'ils aient contemplé une danseuse du ventre faire son numéro sous leurs yeux, Kerim et Bond assistent à l'affrontement acharné entre Vida et Zora, ce dernier étant interrompu par l'arrivée de Krilencu et de ses hommes, qui lancent un assaut sur le camp. Au cours de la confrontation, Kerim est touché au bras par un tir de son ennemi mais refusant d'abandonner le combat, il ramasse son arme et continue d'échanger des tirs avec les intrus. Après que Krilencu ait battu en retraite après avoir essuyé plusieurs pertes, Kerim et Bond apprennent que le chef de section était la cible de l'attaque et conviennent qu'ils devront trouver la cachette du Bulgare le lendemain pour le tuer et mettre un terme aux tentatives d'assassinat.
Le lendemain soir, après avoir passé la journée dans le camp gitan, Kerim et Bond localisent Krilencu dans un bâtiment où se trouve l'affiche du film Call Me Bwana et 007 commence à assembler le fusil de sniper qui lui a été remis par l'armurier du MI6 alors que Kerim guète l'entrée avec une longue-vue équipée d'une lentille infrarouge. Alors que deux fils du Turc déguisés en policier sonnent à la porte de Krilencu pour le faire sortir, Kerim dit à Bond qu'il tient à tuer leur ennemi lui-même malgré sa blessure et parvient à éliminer Krilencu d'un seul tir alors que l'assassin descendait en rappel par une trappe sur l'affiche. Satisfait de cette mort, Kerim quitte les lieux avec Bond, laissant son allié regagner son hôtel où il est abordé et séduit par Tatiana Romanova.
Récupération du lecteur et mort[]
Le lendemain, Tatiana délivre à Bond les plans du consulat soviétique mais l'espion est surpris de se rendre compte qu'un agent bulgare a été tué par un meurtrier inconnu en ayant essayé de s'emparer du document. Lorsqu'il rencontre Kerim à nouveau, celui-ci donne sa parole qu'il n'a pas commandité le meurtre du Bulgare et qu'il n'a pas été tué à cause du plan. Après qu'ils se soient assurés que le plan remis par Tatiana et celui de l'architecte que Kerim a pu se procurer sont bien identiques, le chef de section confie son incrédulité à l'égard de Tatiana, convaincu que la récupération du lecteur semble trop facile.
Plus tard ce mois-ci, après avoir minutieusement préparé leur plan pour récupérer le lecteur, Kerim provoque une explosion au consulat depuis le passage souterrain et retrouve Bond, Tatiana et le lecteur dans les égouts d'où ils sortent par la trappe d'un épicier complice. Le trio monte finalement à bord de l'Orient Express où Kerim remet à 007 et à Tatiana de faux passeports. Une fois seul avec Bond, il lui fait comprendre que le chef du train est un complice et qu'il stoppera le train près de la frontière bulgare où ses fils les récupéreront en voiture. Cependant, Kerim a entretemps constaté qu'un agent secret soviétique, le commissaire Benz, les a suivis dans le train et invite Bond dans le compartiment de ce dernier où ils le neutralisent. Kerim reste ensuite avec le commissaire emprisonné pour le surveiller tandis que Bond retrouve Tatiana. Malheureusement, juste après le départ de 007, Kerim et Benz sont tous deux assassinés par Red Grant, un assassin mystérieux surveillant Bond pour des raisons obscures, et disparaît ensuite afin de suggérer que les deux hommes se sont entretués.
Conséquences de sa mort[]
- James Bond: "Ne dites rien jusqu'à notre arrivée à Trieste."
- Contrôleur du train: "Ce sera bien difficile."
- James Bond: "J'en suis sûr. Kerim Bey n'était pas n'importe qui. Il a beaucoup d'amis influents, ils vous en seront grés élégamment."
- ―James Bond et le contrôleur du train[src]
Les corps de Kerim et de Benz sont trouvés par le contrôleur du train, qui alerte Bond et le conduit jusqu'à la scène de crime. L'agent 007 est visiblement touché par la perte soudaine de cet allié si valeureux, voyant sans doute même en lui un ami, et convainc le contrôleur de garder le secret sur sa mort. Désormais privé de la présence réconfortante du chef de section du MI6, Bond se montre rapidement plus agressif envers Tatiana et méfiant envers les personnes qu'il croise. L'Anglais rencontre par la suite Mehmet, un des fils de Kerim, et lui annonce le meurtre de son père en pensant que Kerim s'est vengé lui-même en ayant tué Benz. La perte de son allié l'amène à charger Mehmet de demander à M d'envoyer un autre agent mais celui-ci est également tué par Red Grant afin de pouvoir approcher 007.
Au cours de leur confrontation, Grant révèle que tous les récents évènements faisaient partie d'un vaste complot supervisé par le colonel Rosa Klebb de l'organisation criminelle du SPECTRE (et formulé par le champion d'échecs Tov Kronsteen) pour tuer Bond et l'humilier dans un scandale sexuel aux côtés de Tatiana. Toutefois, l'espion perspicace sera finalement en mesure de déjouer le complot et de tuer Grant, vengeant ainsi Kerim.
Production[]
Ali Kerim Bey est un protagoniste majeur dans le film de James Bond de 1963 Bons baisers de Russie, le deuxième volet de la série d'EON Productions. Il a été interprété par le regretté acteur mexicain Pedro Armendáriz et a été doublé dans la version française par l'acteur regretté André Valmy, qui a aussi prêté sa voix à Felix Leiter. Le fils d'Armendáriz, Pedro Armendáriz Jr., a incarné Hector Lopez dans Permis de tuer (1989).
Il était basé sur le personnage de Bruno Kerim du roman éponyme de 1957 de Ian Fleming, bien que son homologue littéraire ait des traits de caractère moins louables qui ont été omis dans le film.
Pedro Armendáriz avait été recommandé par le réalisateur américain John Ford, qui l'avait dirigé dans les films Dieu est mort (1947), Le fils du désert (1948) et Le massacre de Fort Apache (1948)[1].
Durant le tournage à Istanbul, Armendáriz a ressenti un malaise croissant et s'est fait diagnostiquer un cancer inopérable qu'il avait vraisemblablement contracté en filmant des scènes du film Le conquérant (1956) près du site d'essais nucléaires américains dans le désert de l'Utah[2]. Le tournage à Istanbul a donc dû être suspendu, la production s'étant déplacée en Grande-Bretagne. Après avoir tenté de cacher sa maladie au reste de l'équipe, Armendáriz a supplié le réalisateur Terence Young de le laisser terminer ses scènes afin que sa famille en manque d'argent puisse hériter de son cachet. Ses scènes ont donc été avancées pour qu'il puisse les terminer sans délai et Young a même doublé l'acteur dans des plans éloignés, notamment dans le camp des gitans[3]. Armendáriz s'est finalement suicidé dans son lit hôpital à Los Angeles le 18 juin 1963, deux semaines après avoir terminé ses scènes, à l'aide d'une arme antique qu'il avait introduite clandestinement à l'hôpital[4]. Bons baisers de Russie a ainsi marqué sa dernière apparition filmée[5].
Des années plus tard, le Kerim Bey d'Armendáriz est réapparu dans l'adaptation en jeu-vidéo du film de 2005, où il a été doublé par l'acteur américain J.B. Blanc. Son rôle est le même que dans le film.
Images[]
Notes[]
- En raison de sa forte amitié avec Bond et de la nature de leur collaboration, Kerim Bey peut être perçu comme l'équivalant turc de Felix Leiter.
- L'étroite amitié et la relation professionnelle de Kerim avec Bond ont très probablement inspiré plusieurs alliés spécifiques à un film, comme Tigre Tanaka, Marc-Ange Draco, le lieutenant Hip, Milos Columbo et bien d'autres encore.