James Bond
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James Bond: "Jamais je n'ai vu plus jolie fille, Tania."
Tatiana: "Merci, mais je crois que ma bouche est un peu grande."
James Bond: "Non, la taille idéale. Pour moi, en tout cas."
―James Bond et Tatiana Romanova[src]

Bons baisers de Russie (From Russia with Love en version originale) est un film d'espionnage britannique réalisé par le cinéaste Terence Young et sorti en 1963. Il s'agit du deuxième volet de la série de films centrée sur l'agent du MI6 fictif James Bond créé par l'écrivain Ian Fleming. Il fait suite au premier film, James Bond 007 contre Dr. No (1962), également réalisé par Young. Comme ce dernier, il a été produit par Harry Saltzman et Albert R. Broccoli par l'intermédiaire de leur société EON Productions, et met en vedette l'acteur écossais Sean Connery dans le rôle de Bond. La distribution comprend également Daniela Bianchi, Pedro Armendáriz, Lotte Lenya, Vladek Sheybal et Robert Shaw alors que Bernard Lee, Lois Maxwell et Eunice Gayson ont repris leurs rôles respectifs de M, Miss Moneypenny et Sylvia Trench du film précédent. Bons baisers de Russie marque également la première apparition de Desmond Llewelyn dans le rôle de Q, un personnage qui acquerra une grande notoriété en revenant dans les films suivants.

Écrit par Richard Maibaum et Johanna Harwood, il est basé sur le roman de 1957 du même nom de Ian Fleming et reprend aussi de nombreux éléments du film La mort aux trousses (1959) d'Alfred Hitchcock[2][3]. Dans le film, Bond est envoyé à Istanbul, en Turquie, pour aider une employée du consulat soviétique nommée Tatiana Romanova à passer à l'Ouest. Il s'agit cependant d'un stratagème imaginé par l'organisation criminelle du SPECTRE pour obtenir un lecteur de déchiffrement, et venger la mort du Dr. Julius No des mains de Bond, dans le film précédent.

Le budget de Bons baisers de Russie est estimé à 2 000 000 $[1] et il a rapporté plus de 78 000 000 $ (654 millions en avril 2019[4]) à travers le monde, devenant le film le plus rentable de 1963 au box-office mondial. Le film a été un succès critique et commercial au point d'être aujourd'hui encore considéré comme un des meilleurs films de James Bond[5], avec notamment Goldfinger (1964), Au service secret de Sa Majesté (1969), L'espion qui m'aimait (1977), GoldenEye (1995), Casino Royale (2006) et Skyfall (2012). Il a également fait l'objet d'une adaptation en jeu-vidéo par la société Electronic Arts en 2005 dans laquelle Sean Connery a repris son rôle.

Synopsis[]

En pleine guerre froide, cherchant à prendre leur revanche auprès de l'agent du MI6 James Bond, qui élimina leur membre Julius No et déjoua leur précédente opération en Jamaïque, l'organisation criminelle du SPECTRE (Service Pour l'Espionnage, le Contre-Espionnage, le Terrorisme, la Rétorsion et l'Extorsion) forme des agents sur son île secrète pour éliminer le commander Bond. Parmi eux, l'assassin expérimenté Red Grant. Le directeur des planifications de la société, Tov Kronsteen, un maître incontesté des échecs, imagine un complot consistant à attirer Bond dans un piège au consulat russe d'Istanbul, en l'amenant à tenter de récupérer un lecteur de déchiffrement mis au point par les Soviétiques. L'ancienne colonel du KGB Rosa Klebb est chargée de superviser l'opération tout en s'assurant que Grant tue 007 au bon moment, c'est-à-dire lorsque le lecteur sera en la possession du SPECTRE. Afin de motiver Bond à s'emparer du lecteur, Klebb sollicite l'aide involontaire d'une employée du consulat nommée Tatiana Romanova, chargée de séduire l'espion britannique et de l'attirer dans leur piège.

James Bond dans le bureau de M

Bond étant dans le bureau de M.

À Londres, Bond est convoqué par son supérieur hiérarchique M, qui lui apprend que Tatiana est tombée amoureuse de lui après avoir vu sa photo. Elle demanderait son aide pour passer à l'Ouest en échange du lecteur convoité par les Britanniques. Comme prévu par Kronsteen, M pense qu'il s'agit d'un piège, mais charge malgré tout son agent de cette mission puisque leur gouvernement cherche à obtenir un lecteur depuis plusieurs années. Avant de partir, Bond se fait délivrer par Q, le quartier-maître du MI6, une mallette contenant plusieurs gadgets, afin de l'aider dans sa nouvelle aventure. Arrivé à Istanbul, l'agent anglais rencontre Ali Kerim Bey, le chef de la section local des services secrets britanniques. Ce dernier est confronté à Krilencu, un tueur bulgare employé par les Soviétiques, qui tente de le tuer. De son côté, Grant surveille discrètement Bond pour assurer sa protection jusqu'à ce qu'il obtienne le lecteur. Après une attaque dans un camp de gitans dans la banlieue d'Istanbul, Kerim parvient à tuer Krilencu avec l'aide de Bond avant que l'assassin ne puisse fuir la ville.

Tatiana rencontrant Bond dans la chambre

Bond et Tatiana se rencontrant pour la première fois.

De retour dans la suite de son hôtel, Bond rencontre Tatiana, qui accepte de lui remettre les plans du consulat pour le vol du lecteur. Le couple passe la nuit ensemble sans se douter qu'il est filmé par des agents du SPECTRE dans le cadre du plan de Kronsteen. Après s'être fait remettre les plans du consulat par Tatiana, 007 élabore un plan pour voler le lecteur avec Kerim, puis ils fuient avec Tatiana à bord de l'Orient Express. Cependant, ils se rendent compte qu'ils sont suivis par le commissaire Benz, un agent russe que Kerim et Bond neutralisent dans un autre compartiment. Kerim reste seul avec ce dernier pour le surveiller mais ils sont tous deux éliminés par Grant, également dans le train, qui s'arrange pour que l'on pense qu'ils se sont entre-tués. Furieux d'avoir perdu son allié, 007 commence à remettre en question les motivations de Tatiana, qui jure ne pas être au courant de ce qui devait arriver à Kerim.

Lorsque l'Orient Express arrive à Belgrade, en Serbie, Bond informe Mehmet, un des fils de Kerim, de la mort du chef de section, et charge ce dernier d'expédier un message à M lui demandant d'envoyer un autre agent pour l'aider à passer la frontière yougoslave avec Tatiana. Toutefois, l'agent en question, Norman Nash, est tacitement tué par Grant lors d'une escale du train à Zagreb, en Croatie, et le tueur prend alors son identité pour rencontrer Bond et Tatiana. Après avoir drogué cette dernière à l'hydrate de chlorate durant leur dîner dans le wagon-restaurant, l'assassin piège également 007, et lui révèle que la jeune femme a été manipulée par le SPECTRE et qu'il a l'intention de les tuer tous les deux en faisant passer la scène pour un meurtre-suicide. Pour ce faire, il compte se servir d'un film tourné à leur insu durant leur nuit d'amour à l'hôtel, pour prouver que Bond et Tatiana étaient amoureux, et ainsi humilier le gouvernement britannique tandis qu'il rapporterait le lecteur au SPECTRE. Cependant, les choses prennent un autre tournant lorsque Bond piège Grant avec la mallette remise par Q avant de le tuer au cours d'un affrontement musclé. 007 et Tatiana quittent ensuite le train avant la frontière yougoslave et s'échappent en bateau vers Venise, en Italie, tout en déjouant d'autres tentatives du SPECTRE de les arrêter.

Klebb et Kronsteen réprimandés

Klebb et Kronsteen étant convoqués par Blofeld.

Informé de la mort de Grant, Ernst Stavro Blofeld, l'énigmatique leader du SPECTRE, fait exécuter Kronsteen en réponse à l'échec de l'opération. Ne perdant pas de vue que l'organisation était censée remettre le lecteur aux Soviétiques, Klebb reçoit l'ordre de récupérer l'objet et de tuer Bond pour de bon. Déguisée en femme de chambre, elle tient 007 sous la menace d'une arme à la chambre d'hôtel de Venise où le commander récupère avec Tatiana. Mais en raison de ses sentiments pour Bond, Tatiana sauve finalement l'Anglais en tuant Klebb avec sa propre arme, alors qu'elle tentait de piquer le protagoniste avec une lame imprégnée de venin fugu, cachée dans sa chaussure. Sa mission accomplie, 007 jette à l'eau le film pris par le SPECTRE alors qu'il échange des baisers avec Tatiana lors d'une promenade romantique en bateau.

Distribution[]

Production[]

Genèse du projet et écriture[]

Suite au succès financier inattendu de James Bond 007 contre Dr. No, la société United Artists a donné le feu vert pour qu'un deuxième film de James Bond soit produit. Le studio a doublé le budget offert à EON Productions avec 2 000 000 $, et a également consenti à ce que Sean Connery reçoive une paie plus élevée, permettant à l'acteur d'empocher 100 000 $ en plus de son salaire de 54 000 $[7]. Le roman Opération Tonnerre (1961) devait initialement être adapté pour ce deuxième film mais comme le président américain John F. Kennedy avait déclaré en mars 1961 que Bons baisers de Russie était un de ses dix livres préférés de tous les temps[8], les producteurs Harry Saltzman et Albert R. Broccoli décidèrent de choisir ce roman comme base pour le deuxième film. Vendu à plus de 6 millions d'exemplaires, le livre était également le préféré de Terence Young[9]. Le cinéaste légendaire Alfred Hitchcock était intéressé à réaliser ce deuxième film mais Young décida de reprendre son poste[10]. La plupart des membres de l'équipe de James Bond 007 contre Dr. No sont revenus dans Bons baisers de Russie, bien que le décorateur Ken Adam fût occupé par le film Docteur Folamour (1964) et a donc dû être remplacé par Syd Cain, le directeur artistique non crédité du premier film[9]. Le concepteur du générique Maurice Binder a été également remplacé par Robert Brownjohn (dont le travail sur ce film a lancé la tradition visant à montrer des femmes à peine vêtues dans les génériques d'ouverture de la saga[11]) et le coordinateur des cascades Bob Simmons, également indisponible, a été remplacé par Peter Perkins, bien que Simmons ait effectué des cascades dans le film.

Comme James Bond 007 contre Dr. No avant lui, Bons baisers de Russie a introduit plusieurs caractéristiques qui deviendront par la suite des éléments courants dans la série, notamment une séquence de pré-générique, le personnage d'Ernst Stavro Blofeld, un arsenal d'armes secrètes pour Bond, une scène d'action après le point culminant, une chanson avec des paroles (bien qu'elle ne puisse être entendue que brièvement au cours du film) et l'annonce "James Bond reviendra" durant le générique de fin.

Le roman de Ian Fleming était un thriller de la guerre froide mais les producteurs ont remplacé l'agence de contre-espionnage soviétique du SMERSH présente dans le roman par l'organisation criminelle du SPECTRE afin d'éviter des controverses politiques, le SPECTRE étant politiquement neutre. Les terrains d'entraînement du SPECTRE ont été inspirés par le film Spartacus (1960). Le scénariste original Len Deighton a accompagné Harry Saltzman, Syd Cain et Terence Young à Istanbul mais a finalement été remplacé par Richard Maibaum[12] et Johanna Harwood, qui avaient tous deux participé à l’écriture du premier film. Harwood a déclaré dans une interview pour le magazine Cinema Retro que son scénario était fidèle au roman de Fleming mais qu'elle a décidé de quitter la série lorsque Young réécrivait constamment le scénario pour y intégrer des idées absentes de l'œuvre de l'auteur. Maibaum a également fait des réécritures tout au long du tournage. Red Grant a notamment été ajouté dans les parties d'Istanbul pour mettre davantage l'accent sur la conspiration du SPECTRE[10] car Grant y a sauvé plusieurs fois la vie de Bond afin qu'il se procure le lecteur conformément aux plans de l'organisation. Maibaum a aussi ajouté la scène de poursuite avec l'hélicoptère et celle en bateau à la fin du film, et a choisi de situer la confrontation entre Bond et Rosa Klebb à Venise plutôt qu'à Paris comme c'était le cas dans le roman[13]. Des réécritures ont également été apportées par l'auteur non crédité Berkely Mather, qui a aussi collaboré au script de James Bond 007 contre Dr. No.

Distribution[]

Bien que Tatiana Romanova soit brune dans le roman (Fleming la décrit comme une "Greta Garbo en plus jeune"[9]), Broccoli et Saltzman voulaient que le rôle soit joué par une actrice blonde. Ils ont alors auditionné près de 200 femmes dont Pia Lindström[14], Sally Douglas, Magda Konopka, Margaret Lee, Lucia Modugno, Sylva Koscina[15], Virna Lisi, Annette Vadim, Hélène Chanel, Norma Foster, Marissa Mell, Marilu Tolo[16], Tania Mallet[17] et Aliza Gur. Talitha Pol, qui a auparavant été considérée pour le rôle de Mlle Taro dans James Bond 007 contre Dr. No, a également été envisagée[16]. L'actrice allemande Elga Andersen a été une des candidates les plus envisagées mais United Artists y opposa un jugement défavorable[18]. Terence Young a finalement décidé de confier le rôle à la 1ère dauphine de Miss Univers 1960, Daniela Bianchi, qui était supposément le choix de Sean Connery. Comme Ursula Andress, interprète de la James Bond Girl Honey Ryder dans le film précédent, Bianchi était inconnue à l'époque et avait seulement 21 ans. Après avoir été choisie, la comédienne a suivi des cours d'anglais mais à cause de son accent italien, elle a finalement été doublée par l'actrice britannique non créditée Barbara Jefford dans le montage final[6]. Bianchi a ensuite passé des tests d'écran sur la scène d'amour avec Bond, qui pour l'occasion était joué par l'acteur britannique Anthony Dawson.

L'acteur mexicain Pedro Armendáriz a été recommandé pour le rôle d'Ali Kerim Bey par le réalisateur américain John Ford, qui l'avait dirigé dans les films Dieu est mort (1947), Le fils du désert (1948) et Le massacre de Fort Apache (1948)[18].

L'actrice grecque Katína Paxinoú était le premier choix de Broccoli et de Saltzman pour interpréter Rosa Klebb[19] mais Terence Young a finalement proposé le rôle à la chanteuse et actrice autrichienne Lotte Lenya après avoir écouté un de ses enregistrements musicaux[18]. Young voulait également que l'interprète de Tov Kronsteen soit "un acteur au visage remarquable" afin que le public se souvienne bien de ce personnage malgré qu'il apparaisse peu à l'écran. Cela a conduit au choix de Vladek Sheybal, que le réalisateur considérait comme convaincant en tant qu'intellectuel. Sheybal était un acteur estimé à l'époque du film. Dans un premier temps il était réticent à accepter le rôle, pensant que ce ne serait pas un bon choix de carrière. Sean Connery l'a cependant convaincu de signer, et contrairement à ses attentes, le rôle a accentué sa renommée[18][19]. Après avoir réalisé l'importance de la production, Sheybal s'est montré enthousiaste et fut ravi de travailler avec Lotte Lenya[20].

L'acteur Robert Shaw avait initialement refusé le rôle de Red Grant car il n'appréciait pas le scénario. Son épouse de l'époque, Mary Ure, l'a néanmoins convaincu de l'accepter. Il était en concurrence avec l'acteur et artiste martial Joe Robinson pour décrocher le rôle. L'audition de Robinson a amené Sean Connery à le suggérer pour incarner le contrebandier Peter Franks dans Les diamants sont éternels (1971)[18]. Shaw avait déjà travaillé avec Connery dans le film Train d'enfer (1957) et les deux hommes joueront à nouveau des ennemis dans La rose et la flèche (1976).

Anthony Dawson incarne ici Ernst Stavro Blofeld mais a été doublé dans la version originale par l’acteur non crédité Eric Pohlmann. Le visage du personnage n’est jamais monté dans ce film, seuls ses mains et le bas de son corps sont cadrés, alors qu’il caresse son emblématique chat angora blanc en s’adressant à Rosa Klebb et Kronsteen. Bien qu’il soit appelé uniquement "Numéro 1" dans les dialogues du film, Blofeld est désigné sous son nom dans le générique de fin. Mais afin de garder le suspens, un "?" a été indiqué à la place du nom de l'acteur. Dawson avait en outre interprété le géologue R.J. Dent, un subordonné du Dr. Julius No, dans le film précédent. Il rejouera également Blofeld dans Opération Tonnerre (1965), toujours sans que son visage ne soit montré.

Ursula Andress était initialement censée revenir brièvement pour jouer la petite-amie de Bond au début du film. C'est finalement Eunice Gayson qui a été rappelée pour incarner à nouveau la James Bond Girl Sylvia Trench, petite-amie de Bond dans le film précédent. Son personnage devait à l'origine réapparaître dans les autres films, à l'image de Miss Moneypenny, mais Guy Hamilton n'a en fin de compte pas fait appel à elle lorsque la production de Goldfinger a débuté[21].

L'acteur Peter Burton, qui incarnait le commandant Boothroyd dans James Bond 007 contre Dr. No, était censé reprendre son rôle dans ce film, mais étant indisponible, il a dû être remplacé par Desmond Llewelyn[19], qui avait auparavant travaillé avec Terence Young dans le film Trois des chars d'assaut (1950). Llewelyn était également fan d'une bande-dessinée quotidienne de James Bond publiée dans le Daily Express[18]. Bien que répertorié dans le générique de fin simplement sous le nom de "Boothroyd", le personnage n'a jamais été nommé dans les dialogues du film. Il a uniquement été présenté par M comme faisant partie de la section Q et sera désigné sous le nom de Q (abréviation de "quartier-maître") à partir de Goldfinger. Llewelyn reprendra son rôle dans tous les films de la série jusqu'à Le monde ne suffit pas (1999) à l'exception de Vivre et laisser mourir (1973).

L'acteur devant incarner Norman Nash ne s'était pas présenté sur le tournage de la scène de Zagreb et a donc été remplacé par William Hill, le régisseur de plateau extérieur du film. Bien que mineur, le rôle est crucial puisque comme mentionné ci-dessus, Grant prend la place du capitaine Nash pour rencontrer Bond et Tatiana Romanova.

Tournage[]

Vida contre Zora

L'affrontement entre Vida et Zora comme il est montré dans le film.

La majeure partie de l'action de Bons baisers de Russie se situe à Istanbul. Le tournage a débuté le 1 avril 1963 aux studios de Pinewood, dans le Buckinghamshire, en Angleterre[17], après que la production ait obtenu l'accord de la Turquie pour filmer à Istanbul. Ankara a néanmoins imposé deux conditions, l'une étant d'habiller les Turcs "à l'européenne" et l'autre étant que le combat entre les gitanes Zora et Vida, incarnées respectivement par Martine Beswick et Aliza Gur, soit filmé à Londres[9]. Les lieux de tournage de la capitale turque comprenaient la Citerne Basilique, la basilique Sainte-Sophie et la gare de Sirkeci, également utilisée pour figurer les stations de Belgrade et de Zagreb. Ian Fleming a passé une semaine sur le tournage à Istanbul pour superviser la production et visiter la ville avec les producteurs[17][22]. Le tournage était parfois perturbé par les foules massives de la population locale, ce qui a amené Terence Young à demander à un cascadeur de faire diversion en se positionnant sur un balcon, pour permettre à Sean Connery de tourner des plans à un autre endroit. Harry Saltzman n'avait pas demandé les autorisations nécessaires pour la séquence de l'incendie au consulat soviétique et la scène a donc entraîné une grande panique dans la ville, attirant la police, les pompiers, les ambulances et la milice sur les lieux du tournage[9].

MacAdams jouant son dernier coup

La scène du tournoi d'échecs entre Kronsteen et MacAdams telle que montrée dans le film.

Pour pouvoir bénéficier des subventions britanniques de l'époque, au moins 70% du film devait être filmé en Grande-Bretagne ou dans le Commonwealth[23]. Les scènes tournées en studio comprenaient l'intérieur du MI6, l'île du SPECTRE, l'hôtel de Venise et les scènes à l'intérieur de l'Orient Express. Alors que le voyage en train se déroule en Europe de l'Est dans le film, le trajet a été tourné à Argyll, en Écosse et en Suisse, tandis que la fin du film a été véritablement filmée à Venise. La scène du tournoi d'échecs opposant Kronsteen à MacAdams était inspiré d'une partie réellement disputée en 1960 par les champions d'échecs russes Boris Spassky et David Bronstein[24]. L'affrontement susmentionné entre Vida et Zora a été répété durant trois semaines dans une réplique du camp Topkapı d'Istanbul situé à Pinewood. La scène où Bond, Tatiana et Ali Kerim Bey croisent des rats en s'échappant du consulat a été tournée en Espagne, car la Grande-Bretagne n'autorisait pas de tournage avec des rats sauvages. Avant cela, l'équipe a tenté sans succès de filmer des rats blancs peints avec du cacao en Turquie. L'affrontement entre Bond et Grant dans un compartiment de l'Orient Express (en réalité deux plateaux à Pinewood) a été filmé en trois semaines pour une durée de moins de deux minutes à l'écran et était suffisamment violent et crédible pour inquiéter certains membres de la production. Connery et Robert Shaw ont exécuté eux-mêmes la plupart de leurs cascades mais ont parfois été doublés par les cascadeurs Bob Simmons et Jack Cooper[9]. Ayant été boxeur à Cambridge, Terence Young a chorégraphié lui-même la séquence à la seconde près. Shaw a en outre déclaré durant le tournage de la série The Tonight Show (1962) qu'il devait se tenir debout sur une chaise lorsqu'il jouait face à Connery car il était nettement plus petit que l'acteur écossais[10][18].

Pedro Armendáriz a ressenti un malaise croissant sur le tournage à Istanbul et s'est fait diagnostiquer un cancer inopérable qu'il avait vraisemblablement contracté en jouant des scènes du film Le conquérant (1956) près du site d'essais nucléaires américains dans le désert de l'Utah[25]. Le tournage à Istanbul a donc dû être suspendu et la production s'est déplacée en Grande-Bretagne. Après avoir tenté de cacher sa maladie au reste de l'équipe, Armendáriz a supplié Young de le laisser terminer ses scènes afin que sa famille en manque d'argent puisse hériter de son cachet. Ses scènes ont donc été avancées pour qu'il puisse les terminer sans délai et Young a même doublé l'acteur dans des plans éloignés, notamment dans le camp des gitans[19]. Armendáriz s'est finalement suicidé dans son lit hôpital à Los Angeles le 18 juin 1963, deux semaines après avoir terminé ses scènes. Bons baisers de Russie a ainsi marqué sa dernière apparition filmée[26].

Kronsteen, Klebb et Blofeld durant la réunion

La scène où Klebb et Kronsteen sont face à Blofeld comme montrée dans le film.

En plus de la perte inattendue d'Armendáriz, d'autres incidents sont survenus lors du tournage. Des complications ont d'abord été rencontrées en raison des réécritures de Berkely Mather et le monteur Peter Hunt s'est attelé au montage du film alors que des scènes clés devaient encore être filmées, ce qui a entraîné une restructuration des scènes d'ouverture. Le briefing de Blofeld a fait partie des scènes réécrites et des répliques de Lotte Lenya ont dû être refaites en utilisant le principe de la rétroprojection. L'équipe prenait donc du retard sur le programme et dépassait le budget. Elle a donc dû se battre pour achever la production à temps, la date de la première britannique ayant déjà été fixée pour octobre. De plus, le 6 juillet 1963, alors que Young était en repérage à Argyll pour la poursuite en bateau, son hélicoptère s'est écrasé dans l'eau avec lui, le directeur artistique Michael White et un cadreur à son bord. Les trois hommes ont pu être sauvés avec des blessures légères et Young a continué de superviser le tournage durant le reste de la journée. Quelques jours plus tard, le chauffeur de Daniela Bianchi s'est endormi alors qu'il conduisait la comédienne sur un tournage à 6 heures du matin et a eu un accident de voiture. Le visage de l'actrice a été meurtri et ses scènes à venir ont dues être reportées de deux semaines, le temps que les contusions faciales guérissent. La doublure de Connery s'est en outre brûlé la main gauche dans l'explosion de l'hélicoptère[9].

Les vedettes rapides à bord desquelles les agents du SPECTRE poursuivent Bond et Tatiana avant leur arrivée à Venise n'allaient pas assez vite à cause des nombreuses vagues et un bateau rempli de caméras a coulé dans le Bosphore. L'équipe des effets spéciaux a aussi failli être arrêtée en essayant d'obtenir un hélicoptère sur une base aérienne locale. La scène de l'hélicoptère a finalement été filmée avec un appareil miniature radiocommandé mais le conducteur était inexpérimenté et a failli tuer Connery[10]. Les sons des bateaux qui explosent après la poursuite ont été remplacés en post-production car les originaux n'étaient pas assez bruyants. Les explosions ont été tournées à Pinewood mais, devenues incontrôlables, elles ont brûlé les paupières de Walter Gotell (Morzeny) et blessé gravement trois cascadeurs[27].

Le tournage a officiellement pris fin le 23 août 1963[23].

Musique[]

John Barry a remplacé le compositeur de la bande originale Monty Norman et est par la suite devenu le principal compositeur de la franchise. La chanson du générique a été composée par Lionel Bart de la comédie musicale Oliver ! et chantée par Matt Monro, bien que la musique entendue durant le générique soit une version instrumentale animée de la chanson commençant par le bref "James Bond Is Back" de Barry, puis enchaînant avec le James Bond Theme de Monty Norman. La version vocale de Monro peut être entendue plus tard pendant le film (comme musique de source sur une radio) et plus longuement durant le générique de fin dans sa version originale. Barry a voyagé avec l'équipe en Turquie pour essayer d'obtenir des influences de la musique locale, mais n'a finalement presque rien utilisé, excepté des instruments locaux tels que des cymbales à doigts pour donner une touche d'exotisme, car il pensait que la musique turque avait un ton comique qui ne correspondait pas au "sentiment dramatique" des films de James Bond.

Se souvenant de sa visite à Istanbul, Barry a déclaré : "Je n'avais jamais été dans un endroit pareil. Noel Rogers et moi nous rendions dans les boîtes de nuit pour écouter tout ce qui s'y passait. Nous avons passé une semaine des plus étranges et n'avons rien retenu, si ce n'est un tas d'histoires ridicules. Nous sommes revenus, nous avons parlé à Lionel et il a écrit From Russia with Love"[28].

Dans ce film, Barry introduit le thème percutant 007 - une musique d'action qui a été considérée comme le "thème secondaire de James Bond". - Il l'a composé pour en faire un thème plus léger, enthousiaste et aventureux afin de détendre le public. L'arrangement apparaît deux fois sur l'album de la bande originale ; la deuxième version, intitulée "007 Takes the Lektor", est celle utilisée lors de la fusillade au camp des gitans et également lors du vol du lecteur par Bond. Le film achevé présente un vestige de la musique de James Bond 007 contre Dr. No supervisée par Monty Norman ; la musique de James Bond 007 contre Dr. No après le lancement de la fusée est entendue dans Bons baisers de Russie pendant les attaques de l'hélicoptère et du hors-bord.

Sortie[]

L'avant-première de Bons baisers de Russie a eu lieu le 10 octobre 1963 à l'Odeon Leicester Square de Londres. Ian Fleming, Sean Connery et Walter Gotell ont assisté à l'évènement. L'année suivante, le film est sorti dans 16 pays à travers le monde, la première aux États-Unis ayant eu lieu le 8 avril 1964, à l'Astor Theatre de New York. Comme mentionné précédemment, il a été le film le plus populaire au box-office britannique en 1963. En France, Bons baisers de Russie a totalisé 5 623 391 entrées dont 1 308 049 à Paris[1], culminant à la troisième place du box-office de l'année[29]. Le Cost of Living Calculator de l’American Institute for Economic Research a également calculé que le film aurait rapporté 584,45 millions de dollars en 2012, soit autant qu'un blockbuster actuel[29].

Adaptation en jeu-vidéo[]

Le jeu-vidéo Bons baisers de Russie, développé par la société Electronic Arts, est sorti le 1 novembre 2005 en Amérique du Nord. Il suit fidèlement le scénario du film tout en y ajoutant des scènes d'action. Un des changements les plus notables apportés à l'histoire est le fait que le SPECTRE ait été renommé Octopus en raison d'un différend juridique de longue date entre United Artists et le scénariste Kevin McClory. Les apparences de la plupart des acteurs principaux du film ont été utilisées dans le jeu et Sean Connery a également enregistré les dialogues de Bond en plus de prêter son apparence des années 1960. Il avait incarné Bond pour la dernière fois 22 ans auparavant dans le film hors-série Jamais plus jamais (1983). Le jeu a également repris plusieurs éléments des films de James Bond ultérieurs dont l'Aston Martin DB5 de Goldfinger et le jet pack de Opération Tonnerre.

Le jeu a été écrit par le scénariste Bruce Feirstein, qui a également travaillé sur le scénario des films GoldenEye, Demain ne meurt jamais (1997) et Le monde ne suffit pas ainsi que le jeu-vidéo 007 : Quitte ou double (2004). Sa bande originale a été composée par Christopher Lennertz et Vic Flick.

Médias[]

Photos[]

Vidéos[]

Notes[]

  • Contrairement à ce que son titre laisse entendre, aucune scène du film ne se passe en Russie.
  • Bons baisers de Russie était le film de James Bond préféré de Sean Connery[19] ainsi que des futurs interprètes de 007 Timothy Dalton et Daniel Craig. C'était également le favori de Lois Maxwell et des futurs producteurs de la franchise Michael G. Wilson et Barbara Broccoli[18]. C'est enfin le préféré du célèbre cinéaste américain Quentin Tarantino[30].
    • Albert Broccoli a également déclaré dans une interview avec l'historien Robert Osborne du magazine Hollywood Reporter que Bons baisers de Russie était un de ses trois films de James Bond préférés, les deux autres étant Goldfinger et L'espion qui m'aimait[19].
  • Bons baisers de Russie est le dernier film de James Bond vu par Ian Fleming, qui est mort d'un infarctus en 1964. L'écrivain avait initialement désapprouvé le casting de Connery mais a finalement été conquis par sa prestation dans ce film[10][18]. Il avait même mentionné dans son roman On ne vit que deux fois (1964) qu'Andrew Bond, le père de Bond, est écossais en référence à l'acteur[31].
  • Il s'agit de l'un des quatre films de la saga dans lesquels Bond ne se présente jamais par sa phrase d'accroche emblématique "Bond, James Bond", les trois autres opus étant Opération Tonnerre, On ne vit que deux fois (1967) et Quantum of Solace (2008). Il convient de noter que puisqu'il s'agissait seulement du deuxième volet, la phrase d'accroche, prononcée dès James Bond 007 contre Dr. No, n'était pas encore iconique, de sorte que le fait que Sean Connery ne la prononce pas dans ce film n'est pas une omission flagrante. Toutefois, fait intéressant, Bond la prononce dans le roman Bons baisers de Russie.
  • Un total de huit costumes des tailleurs de Saville Row ont été portés par Connery durant le tournage[18].
  • La scène de la rencontre entre Bond et Tatiana dans la chambre d'hôtel a rencontré des problèmes de censure en Grande-Bretagne, probablement parce que les deux personnages étaient filmés à leur insu lors de leurs pratiques sexuelles par les agents du SPECTRE. Le British Board of Film avait suggéré à Saltzman et à Broccoli de minimiser les images du caméraman[18]. La séquence a ensuite été une des plus reprises de l'histoire du cinéma et a longtemps servit aux auditions des prétendants au rôle de Bond et des James Bond Girls. L'actrice britannique Fiona Fullerton, qui incarne Pola Ivanova dans Dangereusement vôtre (1985), et l'actrice Maryam d'Abo, interprète de Kara Milovy dans Tuer n'est pas jouer (1987), font partie des nombreuses personnes à avoir rejoué la scène face à la caméra[32].
  • Young "détestait" les jambes de Daniela Bianchi et la comédienne a donc été doublée dans la scène où Bond et Kerim Bey observent ses jambes à travers le périscope du tunnel souterrain[18].
  • Alors que John F. Kennedy a comme susmentionné exprimé son appréciation du roman Bons baisers de Russie, son adaptation cinématographique fut également le dernier film qu'il ait vu ; il l'a fait projeter à la Maison-Blanche le 20 novembre 1963, deux jours avant son assassinat[10][25].

Références[]

  1. 1,0 1,1 1,2 et 1,3 http://www.jpbox-office.com/fichfilm.php?id=9291
  2. https://www.commander007.net/2013/quand-bons-baisers-de-russie-avait-la-mort-aux-trousses/
  3. https://screenrant.com/james-bond-alfred-hitchcock-north-northwest-dr-no/
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