- "J'ai dû concevoir un générique pour Harry Saltzman et Cubby Broccoli afin de leur montrer ce que je voulais faire. J'ai pensé que le coup de feu à travers l'écran serait efficace. J'avais ces petits autocollants de prix blancs et je les ai placés sur un storyboard noir. J'ai pensé que ce serait une bonne idée de regarder le canon de l'arme et de voir James Bond au moment où il sortait, en train de nous tirer dessus. Et puis le sang descend sur l'écran, vous voyez ? Ils ont aimé l'idée, mais elle n'a pris vie que lorsque je l'ai filmée."
- ― Maurice Binder
La séquence de gun barrel, également appelée séquence d'ouverture des films de James Bond, est un motif caractéristique des films de James Bond[1]. Il s'agit d'un plan filmé à l'intérieur d'un canon de pistolet qui suit James Bond alors qu'il marche de profil avant de se retourner et de tirer vers le propriétaire de l'arme, faisant couler le sang de celui-ci sur l'écran. Ces images sont généralement accompagnées du James Bond Theme de Monty Norman et John Barry. Elles servent à introduire la plupart des films de la saga et sont généralement suivies du pré-générique.
Conçue à l'origine par Maurice Binder, la séquence a figuré dans tous les films de James Bond produits par EON Productions. Bien qu'elle ait conservé les mêmes éléments de base, elle a sensiblement évolué tout au long de la série[2]. C'est l'un des éléments les plus immédiatement reconnaissables de la licence et il est très largement mis en avant dans le matériel marketing des films et de leurs produits dérivés.
L'historien britannique spécialiste des médias James Chapman estime que la séquence est un élément important du mythe de James Bond car elle "met en avant le motif du regard, qui est au cœur du genre de l'espionnage"[3].
Histoire[]
Repéré par le producteur Albert R. Broccoli pour son travail sur le film Ailleurs l'herbe est plus verte (1960) de Stanley Donen[4], Maurice Binder a conçu la séquence de gun barrel, qui introduit chaque film à commencer par James Bond 007 contre Dr. No (1962). Pour celle-ci, Binder avait prévu d'utiliser une caméra fixée au canon d'un pistolet de calibre 38, mais cela a posé quelques problèmes ; n'ayant pas pu placer l'objectif d'une caméra standard suffisamment loin dans le canon pour que celui-ci soit entièrement net, son assistant Trevor Bond a créé une caméra à sténopé pour résoudre le problème, et le canon est devenu clair comme de l'eau de roche[1]. James Chapman a également fait remarquer que cette séquence rappelle le coup de feu tiré en direction du public à la fin du film muet Le vol du grand rapide (1903) d'Edwin Stanton Porter[3].
Dans les séquences de gun barrel des trois premiers opus (James Bond 007 contre Dr. No, Bons baisers de Russie (1963) et Goldfinger (1964)), Bond était joué non pas par l'acteur Sean Connery mais par le cascadeur Bob Simmons[5], alors coiffé d'un chapeau. Ce n'est qu'à partir de Opération Tonnerre (1965) que Connery est apparu dans la séquence, également coiffé d'un chapeau. Les acteurs suivants ont cependant bien joué 007 eux-mêmes dans ce plan.
George Lazenby a filmé une séquence similaire à celles de Simmons et de Connery pour son seul film, Au service secret de Sa Majesté (1969). Roger Moore en a quant à lui filmé deux pendant toute la durée de son mandat. Il a été le premier à ne pas porter de chapeau, dans la séquence de Vivre et laisser mourir (1973), et le premier à exécuter la séquence en smoking, dans celle de L'espion qui m'aimait (1977). Il est également le seul Bond à tenir son arme à deux mains, à partir, là encore, de L'espion qui m'aimait. Timothy Dalton a également joué des séquences de gun barrel pour ses deux films, Tuer n'est pas jouer (1987) et Permis de tuer (1989). La musique de Michael Kamen accompagnant le gun barrel de Permis de tuer (le dernier conçu par Maurice Binder) est plus tendue et souligne la nature plus sombre et audacieuse de ce film.
À l'arrivée de Pierce Brosnan dans la saga, le graphiste Daniel Kleinman a conçu un gun barrel en images de synthèse pour GoldenEye (1995), bien qu'il ressemble toujours fortement aux images originales du canon lui-même. Ce même gun barrel a été utilisé dans les trois autres films du mandat de l'acteur (Demain ne meurt jamais (1997), Le monde ne suffit pas (1999) et Meurs un autre jour (2002)), un choix étrange puisque Brosnan a une coupe de cheveux plus courte dans ces trois derniers films alors que leurs gun barrel respectifs conservent sa coupe de cheveux originale de GoldenEye. Un autre changement notable peut toutefois être relevé dans la séquence de Meurs un autre jour où la balle tirée par Bond vole droit vers la caméra, suggérant que 007 a en fait tiré dans le canon de son adversaire (une idée du réalisateur Lee Tamahori[6]).
La plupart des plus grands changements de la séquence sont survenus durant l'ère Daniel Craig. Elle n'introduit pas Casino Royale (2006) mais a été intégrée dans la narration du film, étant utilisée pour illustrer le premier meurtre de Bond ; après un affrontement brutal contre Fisher, le sbire de Dryden, chef de section véreux du MI6, 007 et son adversaire récupèrent tous deux leurs armes, et au moment où Fisher lève son pistolet pour tirer dans le dos de Bond, le film adopte le point de vue du canon de son pistolet alors que Bond se retourne pour tuer son ennemi. Le film enchaîne ensuite avec le générique d'ouverture.
Dans Quantum of Solace (2008) et Skyfall (2012), de manière inhabituelle, la séquence de gun barrel est déplacée à la fin des films, servant ainsi à introduire le générique de fin. Cependant, le premier plan de Skyfall rend hommage à la séquence car il montre Bond émerger dans un couloir face à la caméra, accompagné des deux premières notes du James Bond Theme.
Dans 007 Spectre (2015) et Mourir peut attendre (2021), la séquence est placée à nouveau avant le pré-générique sauf que le sang de l'adversaire n'apparaît pas dans ce dernier film, ce qui préfigure peut-être la mort de 007[7]. En outre, une scène du climax de Mourir peut attendre rappelle elle aussi cette séquence, montrant Bond entrer dans un couloir cylindrique par le côté et tourner rapidement de 90° dans le sens inverse des aiguilles d'une montre en réaction à un sbire du méchant Lyutsifer Safin qui lui tire dessus, tirant ainsi en direction de la caméra.
Jeux-vidéos[]
Cette séquence est couramment utilisée dans les jeux-vidéos de James Bond et dans leur marketing :
- GoldenEye 007 (1997) sur Nintendo 64 utilise la séquence de gun barrel dans ses génériques d'ouverture.
- Une publicité pour James Bond 007 : Le monde ne suffit pas (2000) parodiait la séquence en remplaçant Bond par un homme qui ressemblait à Valentin Zukovsky, qui se faisait alors tirer dessus.
- Elle a également été détournée dans une publicité pour le jeu 007 : Espion pour cible (2001), qui demandait "Avez-vous ce qu'il faut pour être Bond ?", et montrait des personnes essayant de répéter le tir, mais ratant leur cible.
- 007 : Nightfire (2002) et 007 : Quitte ou double (2004) utilisent chacun une version similaire à celle des films de Pierce Brosnan.
- Bons baisers de Russie (2005) utilise la séquence de Bob Simmons du film du même nom.
- Dans l'adaptation en jeu-vidéo de Quantum of Solace, la séquence de gun barrel ressemble à celle utilisée pour Casino Royale, car le jeu adapte les deux films. De plus, lorsque le joueur est tué dans ce jeu, la caméra filme le meurtrier dans l'infographie du gun barrel.
- Les deux versions des remakes de GoldenEye 007, GoldenEye 007 (2010) pour la Wii et son équivalent PS3/Xbox GoldenEye : Reloaded (2011), ne présentent aucune séquence de gun barrel, à l'exception de l'illustration sur la boîte et d'une brève référence dans les génériques.
- Le jeu-vidéo Blood Stone 007 (2010) ne comporte pas de séquence de gun barrel, mais une animation ressemblant fortement à la version du film Quantum of Solace est visible dans les fichiers de jeu du portage PC. En revanche, le jeu présente des motifs du canon dans son système de "visée ciblée" et brièvement dans les premières bandes-annonces.
- 007 Legends (2012) s'ouvre avec le gun barrel comme écran de démarrage, avec un design quelque peu similaire à celui de Skyfall.
Notes[]
- La séquence de gun barrel étant protégée par les droits d'auteur d'EON, le hors-série Jamais plus jamais (1983), une production concurrente des films "officiels", a dû remplacer cette dernière par un écran avec des symboles "007". Une variation du gun barrel figure néanmoins dans ce film (quoique peut-être pas de manière intentionnelle) ; dans la scène où Bond et son adversaire Maximillian Largo s'affrontent à un jeu-vidéo, le bouclier de défense contre les missiles nucléaires utilisé dans le jeu ressemble au gun barrel.
- Les clips vidéos des chansons-titres de James Bond A View to a Kill, The Living Daylights, Licence to Kill, GoldenEye, Tomorrow Never Dies, Die Another Day et Another Way to Die présentent chacun leur propre variation de la séquence de gun barrel.
Références[]
- ↑ 1,0 et 1,1 Cork, John; Scivally, Bruce (2002). James Bond: The Legacy. London: Boxtree. ISBN 0752264982
- ↑ Barnes, Alan ; Hearn, Marcus (2001). Kiss Kiss Bang! Bang!: the Unofficial James Bond Film Companion. ISBN 0713486457
- ↑ 3,0 et 3,1 Chapman, James (2009). Licence to Thrill: A Cultural History of the James Bond Films. I.B. Tauris Books. ISBN 1845115155
- ↑ https://www.mi6-hq.com/sections/articles/biography_maurice_binder
- ↑ Pfeiffer, Lee; Lisa, Philip (1995). The Incredible World of 007: An Authorized Celebration of James Bond. London: Boxtree. ISBN 0806516984
- ↑ https://debrief.commanderbond.net/topic/17239-blast-from-the-past-tamahori-on-die-another-day/
- ↑ https://screenrant.com/no-time-die-james-bond-gun-barrel-no-blood/