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- Dexter: "Cette affaire n'est pas close. D'ici là, notre politique avec Mr. Big est : "Vivre et laisser vivre.""
- James Bond: "Dans mon boulot, quand j'ai affaire à un homme comme celui-là, j'emploie une autre formule. C'est "Vivre et laisser mourir"."
- ―Le capitaine Dexter et James Bond[src]
Vivre et laisser mourir (Live and Let Die en version originale) est le deuxième roman de l'écrivain et ancien espion britannique Ian Fleming ainsi que la deuxième œuvre à mettre en scène le personnage de James Bond. Il a été publié en 1954 au Royaume-Uni. En France, Vivre et laisser mourir n'a été publié qu'en 1959 sous le titre Requins et services secrets chez Presses internationales, une traduction faite par Jerry Hall. Une seconde traduction de Françoise Thirion, plus proche de l'originale, est parue en 1964 sous le titre Vivre et laisser mourir chez Plon et a été rééditée plusieurs fois[1]. Elle a été suivie d'une troisième traduction en 2007 de Pierre Pevel chez Bragelonne sous ce même titre.
Dans l'histoire, James Bond se retrouve aux prises avec Mr. Big, un gangster noir qui est également un agent de l'organisation de contre-espionnage soviétique du SMERSH qui finance les opérations du service sur le continent américain en revendant des pièces d'or issues du trésor du pirate Henry Morgan. Pour cette mission, Bond est aidé entre autres par son fidèle ami de la CIA Felix Leiter et la cartomancienne Solitaire. Le roman aborde les thèmes de la lutte Est-Ouest de la guerre froide, notamment les relations entre les Britanniques et les Américains, la position de la Grande-Bretagne dans le monde, les relations raciales et la lutte entre le bien et le mal.
Comme le précédent livre, Casino Royale (1953), Vivre et laisser mourir a été globalement bien accueilli par la critique. Le tirage initial de 7 500 exemplaires a été rapidement épuisé et un deuxième tirage a été commandé dans l'année. Toutefois, les ventes aux États-Unis, lorsque le roman y est sorti un an plus tard, ont été beaucoup plus lentes.
Des années après sa publication, le roman a fait l'objet d'une adaptation cinématographique dans le cadre de la série de films sur le personnage de Bond produite par la société EON Productions. Ce huitième film était le premier à mettre en scène l'acteur Roger Moore dans le rôle de Bond.
Synopsis[]
Vers février 1952[2], l'agent du (SIS/MI6) James Bond arrive à New York après que son supérieur hiérarchique M l'ait chargé d'assurer la liaison avec le FBI et la CIA dans le cadre d'une enquête internationale sur Mr. Big, un agent de l'organisation de contre-espionnage soviétique du SMERSH (pour laquelle travaillait Le Chiffre dans Casino Royale, Bond voyant d'ailleurs une occasion de prendre sa revanche sur le service, responsable du suicide de sa partenaire Vesper Lynd et du "Ш" taillé dans sa main gauche) qui est également le chef d'un culte vaudou se faisant passer pour l'incarnation vivante du Baron Samedi afin de contrôler ses adeptes par la peur tout en exploitant la solidarité raciale pour recueillir des informations dans tout le pays. Mr. Big est soupçonné de vendre de vieilles pièces d'or issues du trésor du pirate Henry Morgan, découvert en Jamaïque, pour financer des opérations d'espionnage soviétiques sur le territoire nord-américain. Peu après son arrivée à New York, Bond retrouve son homologue américain Felix Leiter, avec qui il avait collaboré durant sa mission précédente, ainsi que leur autre associé pour cette affaire, le capitaine Dexter. Néanmoins, l’arrivée du Britannique en Amérique n’est pas passée inaperçue puisqu’un paquet explosif envoyé par Mr. Big en signe d'avertissement manque de le tuer à son hôtel après sa rencontre avec ses partenaires.
Alors qu'ils sont censés se rendre à St. Petersburg, en Floride, où Mr. Big fait entrer les pièces en fraude, Bond et Leiter décident d'abord d'inspecter les boîtes de nuit du gangster à Harlem. Toutefois, leurs déplacements sont suivis à leur insu par le réseau d'informateurs de Mr. Big, dirigé par un homme appelé "Le Murmure", et ils sont capturés au club de strip-tease de l'agent soviétique, The Boneybard. Alors qu'il interroge 007, Mr. Big utilise sa cartomancienne blanche, Solitaire (ainsi nommée parce qu'elle exclut les hommes de sa vie), pour déterminer s'il dit la vérité. Toutefois, Bond se rend compte que Solitaire est employée contre son gré et la jeune femme couvre l'espion en corroborant son histoire inventée pour expliquer sa présence en Amérique. Convaincu que 007 ne pourra de toute façon pas obtenir de preuves sur lui que le FBI pourrait utiliser pour le mettre hors d'état de nuire, Mr. Big décide de le libérer mais fait casser un doigt à Bond, qui s’échappe en tuant plusieurs hommes de Mr. Big alors que Leiter s’en sort avec un minimum de blessures en ayant sympathisé avec un des gardes en raison de leur appréciation commune du jazz.
![Leiter corps](https://static.wikia.nocookie.net/jamesbond/images/c/c8/Leiter_corps.jpeg/revision/latest/scale-to-width-down/180?cb=20230307071709&path-prefix=fr)
Le corps de Leiter étant laissé par les hommes de Mr. Big.
Plus tard, Solitaire contacte Bond pour lui demander de l'aide à échapper à l'emprise de Mr. Big et les deux se retrouvent dans un train à destination de St. Petersburg où ils rencontrent à nouveau Leiter et entament une romance. Un porteur noir sympathique informe le trio que Mr. Big a lancé un contrat sur Bond et aide celui-ci à descendre du train plus tôt que prévu, peu avant que les hommes de Mr. Big ne le bombardent. Ils se rendent à St. Petersburg où Bond et Leiter inspectent un entrepôt portuaire gardé par le Beau Rob, un homme de main de Mr. Big, où sont stockés des poissons exotiques et où le Secatur, le yacht de Mr. Big, accoste. Toutefois, Solitaire est enlevée par les hommes de l'agent soviétique et lorsqu'il retourne plus tard à l'entrepôt par ses propres moyens, Leiter est donné en pâture à un requin qui le mutile, lui faisant perdre un bras et une partie d'une jambe. Bond découvre avec horreur son corps dans leur planque avec une note épinglée sur sa poitrine disant : "Ce qui l'a mangé lui est resté sur l'estomac". Le Britannique retourne ensuite à son tour dans l'entrepôt et découvre que les pièces d'or du trésor sont transportées clandestinement en étant cachées au fond d'aquariums contenant des poissons tropicaux venimeux. 007 est entretemps attaqué par le Beau Rob, qu'il tue en le faisant tomber dans le bassin où se trouve le requin qui a mutilé Leiter.
![Mr](https://static.wikia.nocookie.net/jamesbond/images/1/12/Mr._Big_avec_Solitaire.jpeg/revision/latest/scale-to-width-down/180?cb=20221224152328&path-prefix=fr)
Mr. Big retenant Solitaire en captivité.
Bond se rend par la suite en Jamaïque où se trouve l'île que Mr. Big utilise pour déterrer le trésor et que les habitants craignent en raison des chants et des tambours vaudous qu'ils entendent souvent en provenance de l'île et qui sont toujours suivis de la découverte de cadavres le lendemain. Sur-place, Bond rencontre John Strangways, le chef de section locale du SIS qui les met en contact avec Quarrel, un pêcheur des îles Caïmans. Ce dernier entraîne 007 à la plongée sous-marine dans les eaux locales pendant une semaine, permettant à Bond de nager jusqu'au Secatur, venu chercher une cargaison de poissons et d'or. Le commander dépose ensuite une mine magnétique sur la coque du bateau mais les hommes de Mr. Big repèrent la trace de ses bulles et provoquent une frénésie alimentaire avec un tambourinage. Réussissant à s'échapper de justesse, l'agent du SIS parvient à pénétrer dans une grotte où Mr. Big le capture alors qu'il était en train de sortir le dernier trésor. Le lendemain matin, Solitaire et lui sont traînés par-dessus le récif corallien peu profond par le Secatur afin d'être dévorés par les requins et les barracudas infestant les eaux mais ils sont sauvés lorsque la bombe explose, projetant Mr. Big et ses hommes à l'eau où les antagonistes sont mangés par les poissons. Bond et Solitaire sont ensuite sauvés par Quarrel et 007 passe du temps avec la voyante désormais libre après avoir soigné ses blessures et effectué son rapport.
Personnages[]
- James Bond
- Solitaire
- Mr. Big
- Felix Leiter
- Quarrel
- John Strangways
- M
- Beau Rob
- Le Murmure
- Tee-Hee Johnson
Écriture[]
Une grande partie du roman s'inspire des expériences personnelles de Ian Fleming ; l'ouverture du livre marquant l'arrivée de Bond à l'aéroport Idlewild de New York, est inspirée des propres voyages de Fleming en 1941 et 1953[3]. et l'entrepôt dans lequel Leiter est attaqué par un requin est inspiré d'un bâtiment similaire que Fleming et sa femme avaient visité à St. Petersburg, en Floride, lors d'un récent voyage. Comme pour la plupart de ses romans, Fleming a référencé les noms de personnes réelles dans Vivre et laisser mourir. Ainsi, la partie où Bond prétend s'appeler John Bryce est un clin d'œil à Ivan Bryce, un ami de longue date de l'auteur. De plus, le personnage de John Strangways a été nommé ainsi en référence à un autre ami de Fleming, John Fox-Strangways[4]. De plus, l'oiseau siffleur à gorge rouge jamaïcain Solitaire a servi d’inspiration pour le personnage féminin[5].
Adaptations[]
Bandes-dessinées[]
Vivre et laisser mourir a d'abord été adapté sous forme de bande dessinée quotidienne publiée dans le tabloïd britannique Daily Express et diffusée dans le monde entier[6]. L'adaptation était publiée du 15 décembre 1958 au 28 mars 1959 et a été écrite par Henry Gammidge et illustrée par John McLusky, dont les dessins de Bond avaient l'apparence de Sean Connery, l'acteur qui incarnera Bond trois ans plus tard dans James Bond 007 contre Dr. No (1962), la première adaptation cinématographique des œuvres de Fleming. La maison d'édition Titan Books a ensuite réédité le comic strip au Royaume-Uni le 25 février 2005 dans l'album d'anthologie Casino Royale, qui regroupait également les aventures Casino Royale et Moonraker[7].
Cinéma[]
Avant que Vivre et laisser mourir n'ait été publié, le producteur Alexander Korda avait lu une copie du roman. Il estimait qu'il s'agissait de l'histoire la plus passionnante qu'il ait lue depuis des années, mais n'était pas certain qu'elle se prête à un film. Néanmoins, il souhaitait montrer l'histoire aux réalisateurs David Lean et Carol Reed pour avoir leurs impressions, bien que rien ne soit venu de l'intérêt initial de Korda[4][8]. En 1955, après la diffusion à la télévision d'une adaptation de Casino Royale, la Warner Bros. a exprimé son intérêt pour Vivre et laisser mourir, et a offert 500 $ pour une option, contre 5 000 $ le film était réalisé. Fleming a jugé les conditions insuffisantes et les a refusées[4].
Vivre et laisser mourir, un film inspiré du roman, est sorti en 1973 ; il mettait en vedette Roger Moore dans le rôle de Bond. Son intrigue diffère toutefois vivement de celle du livre et il joue sur le cycle des films de blaxploitation produits à l'époque[8]. Le métrage a été réalisé par Guy Hamilton, produit par Albert R. Broccoli et Harry Saltzman, et est le huitième opus de la série James Bond d'EON Productions. Certaines scènes du roman ont ensuite été reprises dans des films de la saga ultérieurs : celle de Bond et Solitaire étant traînés derrière le bateau de Mr. Big a été utilisée dans Rien que pour vos yeux (1981), également avec Moore, et Felix Leiter a été donné en pâture à un requin dans Permis de tuer (1989), le deuxième et dernier film avec Timothy Dalton qui a également adapté la fusillade dans l'entrepôt de Vivre et laisser mourir.
Notes[]
- Le titre de travail de Vivre et laisser mourir était The Undertaker’s Wind[5].
- Vivre et laisser mourir marque pratiquement la seule occasion où Bond ne couche pas avec un autre personnage au cours de l'histoire, bien que tout porte à croire que cela se produira avec Solitaire durant leurs vacances communes, à la fin de l'histoire.
- Dans la traduction du livre des Presses internationales, parue comme susmentionné sous le titre de Requins et Services Secrets, de nombreux passages ont été coupés et les noms de certains personnages ont été changés ; Le Murmure s'appelle ainsi "Sam L’essouflé" et Tee-Hee Johnson est devenu "Hi-H"[5].
Références[]
- ↑ http://007.edition.free.fr/sitefrz/titres/vlmourir.htm
- ↑ Griswold, John (2006). Ian Fleming's James Bond: Annotations and Chronologies for Ian Fleming's Bond Stories ISBN 1425931006
- ↑ Black, Jeremy (2005). The Politics of James Bond: from Fleming's Novel to the Big Screen. Lincoln, NE: University of Nebraska Press. ISBN 0275968596
- ↑ 4,0 4,1 et 4,2 Lycett, Andrew (1996). Ian Fleming. London: Phoenix. ISBN 1250037980
- ↑ 5,0 5,1 et 5,2 https://jamesbond007.net/portfolio/vivre-et-laisser-mourir-1954/
- ↑ Pfeiffer, Lee; Worrall, Dave (1998). The Essential Bond. London: Boxtree. ISBN 0752215620
- ↑ https://www.mi6-hq.com/sections/comics/titan_cr.php3
- ↑ 8,0 et 8,1 Chapman, James (2007). Licence to Thrill: A Cultural History of the James Bond Films. New York: I.B. Tauris ISBN 0231120486
Romans de ![]() |
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Ian Fleming Casino Royale (1953) - Vivre et laisser mourir (1954) - Moonraker (1955) - Les diamants sont éternels (1956) - Bons baisers de Russie (1957) - Docteur No (1958) - Goldfinger (1959) - Opération Tonnerre (1961) - Motel 007 (1962) - Au service secret de Sa Majesté (1963) - On ne vit que deux fois (1964) - L'homme au pistolet d'or (1965) |
Christopher Wood James Bond, l'espion qui m'aimait (1977) - James Bond et le Moonraker (1979) |
John Gardner Permis de tuer (1989) - GoldenEye (1995) |
Raymond Benson Demain ne meurt jamais (1997) - Le monde ne suffit pas (1999) - Meurs un autre jour (2002) |